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Comment réussir votre RDV avec votre perle rare?

Profil en pénurie, il a le choix de l’entreprise, pourtant, il a accepté de vous rencontrer : Il ne suffit pas de lui proposer un café et de lui présenter les valeurs de l’entreprise !  

Au quotidien, les candidats me racontent les circonstances de leurs premières rencontres avec des employeurs, ils précisent les raisons qui ont engendré un refus de leur part :

Il s’agit souvent de détails liés à une maladresse côté employeur !

[ Cela fait 6 mois que vous le cherchez, il a les compétences requises, il semble motivé, il a de bons retours de la part de ses anciens employeurs et vous avez apprécié votre premier échange téléphonique.
Certes il doit encore vous convaincre mais, vous aussi, vous devez lui donner envie de travailler avec vous et vos collaborateurs. Il est bien dans son entreprise actuelle cependant il a besoin de changer pour une raison ou pour une autre mais pas à n’importe quel prix !
On voit souvent des publications pour conseiller les candidats sur la façon d’appréhender les entretiens de recrutement.
Voici donc des astuces concrètes qui s’adressent aux employeurs pour réussir cette première rencontre avec ce candidat si rare ! ]



Lors de l’entretien, le candidat a peu de temps pour vous cerner, pour prendre la température, pour valider l’ambiance dans votre équipe, la bonne santé de l’entreprise et pour vérifier si vous répondrez à ses attentes en matière de projet professionnel et personnel.
Lui aussi va vous sonder, vous observer et émettre des hypothèses avec les détails relevés lors de la rencontre.
Ensemble vous allez vous évaluer mutuellement, cela n’a rien de naturel. Il faut redoubler d’efforts pour que ce soit vécu comme une expérience positive et agréable.
Pour réussir cette première approche, vous devez absolument le considérer comme votre égal et l’accueillir en toute humilité. Le besoin d’être respecté et considéré par son employeur est primordial pour lui. Sur le plan rationnel, cela vous semble logique mais sachez que ce n’est pas toujours visible dans votre communication non-verbale et votre ton.
Par exemple, geste s’étant fait rare en ces temps de pandémie, mais auquel nous tenons beaucoup en France : la poignée de main.
[ Saviez-vous que l’origine de la poignée de main était de montrer « patte blanche » et de permettre de vérifier que la personne n’était pas armée à l’époque où nous pouvions nous attaquer à tout moment ? ] 


Ce geste est souvent pratiqué de façon excessivement ferme par les chefs d’entreprises. Cela peut être interprété par grand nombre d’une volonté d’assoir son pouvoir, et donc de se montrer supérieur à l’autre.

Ne jamais sous-estimer les capacités d’observation et d’analyse de votre candidat !

Je vous encourage à réfléchir à votre communication non verbale : celle-ci constitue 80 % de la communication.

Si vous répondez « oui » et que votre tête dit « non », c’est « non » qui sera entendu.
L’humilité, c’est aussi savoir avouer que l’on ne sait pas, ou savoir changer d’avis pour accepter une requête sur les conditions du poste. Votre interlocuteur va chercher à vérifier si sa parole pourra avoir de l’impact et si elle sera prise en considération lorsqu’il en aura besoin.
Le candidat appréciera fortement la transparence sur votre projet et votre stratégie de développement mais aussi sur les « problématiques » que votre société rencontre (si, si, il y en a toujours). Certes vous dévoilez des informations confidentielles mais si vous lui montrez que vous lui faites confiance, il aura plus facilement confiance en vous (à mon sens vous prenez peu de risques : il y a peu de chance qu’il ouvre la même entreprise avec les mêmes stratégies juste à côté de chez vous…).

Vous voulez valoriser votre entreprise et vous parlez du fait que vous mettez l’humain au centre de vos préoccupations ?

Il n’est pas nécessaire de le verbaliser directement. Ces informations devront apparaître naturellement dans la conversation sous forme d’exemples et d’actions concrètes que vous avez mises en place.

[ Regardez dans votre entourage et pensez aux personnes que vous considérez comme bienveillantes : avez-vous déjà entendu l’une d’entre elle mentionner qu’elle était bienveillante ?
Le fait de le dire n’est pas signe que vous l’êtes, se sont votre attitude et vos actes qui vont compter. Le fait de verbaliser que vous êtes bienveillant peut même soulever le doute chez votre interlocuteur, cela produit l’effet inverse.
Un exemple simple pour montrer votre bienveillance et votre professionnalisme est de dire du bien d’un de vos collaborateurs.
Vous voulez le prévenir qu’un collaborateur risquerait de générer des problématiques ? Faites-le sans jamais dévaloriser la personne concernée. Si vous dites du mal de quelqu’un, vous pourriez très bien dire du mal de lui un jour. Ce sera considéré comme un manque de professionnalisme de votre part.  

En outre, vous devez impérativement préparer votre entretien, relire le CV et réfléchir à quelques questions. Il est également recommandé d’avoir réfléchi au budget que vous souhaitez allouer au salaire, aux conditions de travail que vous proposerez si c’est une création de poste et aux conditions d’intégrations (y aura-t-il une période de doublon ? Une formation pour tel logiciel ?).
Votre interlocuteur pourra ainsi apprécier votre sérieux et votre investissement dans ce recrutement.
Attention, ce n’est pas un interrogatoire ! Lui aussi se questionne, laissez-le s’exprimer. Concrètement faites des pauses quand vous parlez pour encourager la conversation et éviter le monologue.

Tout le monde connait l’importance d’être à l’écoute mais qui sait le faire correctement et dans les règles de l’art ?

Il y a une différence entre la simple écoute et l’écoute active selon Carl Rogers. C’est un fondamental en techniques d’entretien.
[ Une des clés de l’écoute active c’est la reformulation, elle permet : Une meilleure compréhension ; De confirmer / poser les choses pour anticiper la suite de la conversation ; D’avoir le temps de réfléchir à votre réponse ; De montrer que vous êtes à l’écoute et que vous portez de l’intérêt à ce que la personne dit. ]

A partir du moment où vous montrez de l’intérêt pour l’autre, il commencera à s’intéresser à vous et à votre offre.

Je vous encourage à poser des questions ouvertes afin de le laisser s’exprimer et orienter la conversation vers ce qui est important pour lui.
Une de mes questions favorites est la suivante : « qu’elles sont vos aspirations professionnelles / qu’elles sont vos attentes à l’égard de votre future entreprise ? »
Vous obtiendrez une réponse qu’il faudra noter car ce sera le fil conducteur de votre entretien et du suivi de votre futur collaborateur pour ne jamais oublier quel est son projet professionnel sur le court et le long terme. Nous débordons sur la partie « fidélisation du nouveau collaborateur » mais cela me semblait important de le préciser.
[ N’hésitez pas à lire aussi  : « Intégration / fidélisation du nouveau collaborateur : faire un pot d’arrivée, présenter le reste de l’équipe et donner une formation ne suffit pas ! » ] 

Pour certains professionnels, l’important c’est d’aller droit au but, de se concentrer sur la tâche principale. C’est tout à fait honorable. Pourtant, par expérience, j’ai constaté que ce n’était pas en demandant ses traits de personnalité que vous allez en apprendre le plus. C’est pendant les moments informels d’échange avec le candidat que vous allez observer ces derniers. Je vous propose donc de créer les conditions pour qu’une partie de la conversation soit plus informelle, en utilisant un autre sujet que celui du travail.
Servez-vous d’une banalité, saisissez un élément du contexte, utilisez ce qui est écrit dans la partie « centres d’intérêt », ou encore, mettez à profit vos connaissances d’une ville dans laquelle il a travaillé…
C’est un excellent moyen de créer du lien avec votre interlocuteur. Je vous recommande également d’utiliser cette méthode dès les premières minutes pour « désamorcer » l’enjeu de l’entretien et mettre à l’aise le candidat.

Attention à ne pas poser les questions « interdites » dans le cadre du recrutement.

Je parle des 24 critères de discrimination qui sont réglementés dans ce contexte. Demander l’âge, le nombre d’enfants ou le lieu d’habitation en font par exemple partie. Vous avez besoin de savoir si votre interlocuteur est proche de la retraite, s’il a l’intention de prendre un congé parental prochainement ou s’il va quitter votre entreprise au bout de 2 ans car il habite loin et que la route le fatigue ? Demandez-le-lui directement ou indirectement mais surtout prenez toutes les précautions nécessaires afin de ne pas le braquer.
[ Je me souviens de l’histoire d’une candidate qui a eu un entretien dans une mairie et à qui il a été demandé le nom de la commune dans laquelle étaient scolarisés ses enfants. Vous imaginez bien le ton avec lequel elle m’a raconté cela…]  
Il a écrit RQTH sur son CV, comment j’aborde la question ? Il n’y a qu’une seule bonne question à lui poser à ce sujet : « Vous avez signifié une RQTH sur votre CV, est-ce que cela nécessite un aménagement de poste ? ». Il donnera des précisions sur cette RQTH s’il le souhaite.

 D’autre part, sachez que si vous souhaitez pratiquer un test quelconque, il est préférable de le prévenir avant l’entretien. Il a le droit de se préparer, de connaître la durée de l’entretien car, cela étant, c’est toujours désagréable d’être pris au dépourvu ! Au passage, si vous avez l’intention de procéder à un contrôle de références, n’oubliez pas de lui demander la permission car le pratiquer sans son accord est interdit.
Ne vous braquez pas quand le candidat vous questionne sur les avantages. Je dirais que 70% d’entre eux me questionnent sur cela, c’est courant. Ce n’est pas décisif pour eux mais ils aiment avoir des réponses précises.

La valorisation de votre offre passe aussi par votre capacité à valoriser votre interlocuteur. Par exemple, vous pouvez lui demander s’il a d’autres pistes en cours.

A la fin de l’entretien vous pouvez lui proposer de visiter les locaux et de rencontrer le reste de l’équipe. Il pourra ainsi se projeter plus facilement, être rassuré, car rencontrer ses futurs collègues est important pour lui. Il est préférable de prévenir votre équipe afin qu’elle soit préparée et disponible au moment où vous passerez dans les bureaux avec le candidat.

Vous êtes convaincu et vous ne pouvez cacher votre enthousiasme ?
Ne lui mentionnez pas tout de suite à l’entretien que vous voulez lui faire une promesse d’embauche. Quelquefois, cela est mal interprété car le candidat peut penser que l’employeur n’est pas quelqu’un de réfléchi ou qu’il est désespéré. Cela lui donne le sentiment qu’il y a anguille sous roche.
Pour terminer, si vous ne souhaitez pas collaborer avec lui, n’oubliez jamais que votre interlocuteur sera le porte-parole de son expérience chez vous (d’où les nombreux échos chez moi et, certainement, chez d’autres). Il me semble ingénieux de lui donner autant de considération qu’un client car c’est votre image qui est en jeu.

La clé, c’est l’action !

Virginie Boffety